Commerce tranfrontalier Corridor Nord

Initiatives en cours pour faciliter le petit commerce transfrontalier sur le Corridor Nord

Partager

Des initiatives louables sont en cours dans la région de Grands Lacs notamment dans la partie couverte par le Corridor Nord en vue de la promotion du commerce transfrontalier. Il en va ainsi du programme du Secrétariat permanent de l’Autorité de Coordination de Transit et de Transport du Corridor Nord (ACTT-CN) visant la promotion des femmes et des jeunes dans le commerce frontalier.

Le commerce transfrontalier dans le corridor nord est dominé par le petit commerce informel généralement opéré par les femmes. Elles commercent les produits de cru en petite quantité souvent pour assurer l’alimentation et les besoins de premières nécessités pour leurs familles (scolarisation des enfants et accès aux soins de santé). Bien qu’en petite quantité, le volume annuel généré par ce commerce informel constitue par fois le gros du commerce transfrontalier entre la plupart des Etats Membres du Corridor Nord. Cependant, ces femmes commerçantes font face au quotidien à des nombreux défis dans la réalisation de leur commerce. Elles déplorent l’état de l’infrastructure routière dans certains Etats Membres, le  manque des moyens de transport adéquats pour évacuer leur produits, le manque de facilités tenant compte de leurs conditions de  femme aux frontières (espace pour allaiter et faire les soins  des bébés ainsi que leurs propres soins), multiples tracasseries (harcèlement) , taxes et frais souvent non canalisés et payés sans contrepartie, limite du temps d’ouverture des frontières, déficit de connaissance des procédures commerciales et de frontières, manque de système d’accès à l’information sur les marchés, manque d’accès au crédits at moyens de financement de leur activités, barrières linguistiques, etc.

Il a été constaté que le soutien apporté aux petits commerçants transfrontaliers et particulièrement aux femmes afin de faire face aux défis ci-haut énumérés a été relativement limité. Mais la situation est appelée à changer dans la mesure où il y a une prise de conscience qui se manifeste aussi bien au niveau national qu’au niveau régional. Des institutions régionales travaillent actuellement à des initiatives de soutien aux petits commerçants et aux femmes en particulier. C’est le cas du Marché commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA).

Le COMESA a adopté les réglementations qui définissent les droits et obligations des petits commerçants frontaliers. Il soutient la mise en œuvre de ces règlementations notamment par le financement de l’installation des bureaux de facilitation de passage des petits commerçants aux postes frontières (COMESA Trade Information Desk). Le COMESA a également mis en place un « régime commercial simplifié » (RECOS pour STR en anglais), qui prévoit une exonération de droits de douane pour certains produits et des formalités de dédouanement simplifiées pour les transactions de faible montant généralement réalisées par les petits commerçants. Sans être complet, au sens où il ne prévoit pas de dérogation en ce qui concerne les obligations documentaires telles que les certificats, les permis et les licences, ce régime représente un pas dans la bonne direction.

Un certain nombre de gouvernements sont également en train de mettre en œuvre des projets visant spécifiquement le commerce à petite échelle. Avec le soutien de la Banque mondiale, les gouvernements de la RDC, du Rwanda et de l’Ouganda, en collaboration avec le COMESA, sont en train de mettre en œuvre un projet de facilitation des échanges dans la région des grands lacs (Great Lakes Trade Facilitation Project). Ce projet entend faciliter les échanges transfrontaliers en réduisant les coûts et en développant les capacités commerciales des commerçants, et notamment des femmes commerçantes et des petits commerçants, aux frontières clés de la région. Le fonds d’intervention dans le cadre de ce projet prévoit des améliorations des infrastructures frontalières pour mieux répondre aux besoins des petits commerçants (files piétonnes, éclairages et clôtures), ainsi que la construction de marchés frontaliers. Le projet encourage également la simplification des politiques et procédures applicables aux petits commerçants, la formation et le renforcement des capacités des commerçants et des fonctionnaires et la mise en place d’un meilleur suivi et d’une meilleure gestion de la performance des agences présentes aux frontières. Il a aussi introduit un code de conduite du personnel pour lutter contre la violence fondée sur le genre sur les chantiers de développement des infrastructures liées au commerce. L’une des premières réussites du projet a été la mise en place d’un éclairage fonctionnant à l’énergie solaire aux frontières entre la RDC et le Rwanda, qui a non seulement amélioré la sécurité et les conditions de travail des commerçants et des fonctionnaires, mais a également permis un allongement des heures d’ouverture de la frontière. Cet aspect est particulièrement précieux pour les petites commerçantes, car il leur permet de mieux organiser leur activité commerciale en fonction de leurs contraintes familiales.

D’autres acteurs interviennent également avec des initiatives intéressantes. Il s’agit notamment de Trade Mark East Africa

Quant au programme du Secrétariat de l’ACTT-CN, l’objectif est de contribuer à l’amélioration de la performance du commerce intrarégional et le niveau de revenu de femmes et de jeunes engagés dans le commerce transfrontalier. Spécifiquement l’ACTT-CN s’emploi à évaluer le commerce transfrontalier de femmes et de jeunes en vue de :

  • Identifier les défis majeurs pour engager un plaidoyer au près des Etats membres pour leur prise en compte
  • Développer une plateforme de gestion de l’information sur le commerce transfrontalier
  • Développer et mettre en œuvre des programmes de renforcement des capacités en faveur de femmes et de jeunes engagés dans le commerce transfrontalier.

C’est dans ce cadre que l’ACTT-CN avait mobilisé plusieurs parties prenantes en vue de prendre part du 03 au 7 juin 2019 à l’activité de l’évaluation de l’état du commerce frontalier au niveau de trois frontières pilotes entre la RDC et le Rwanda d’une part et d’autre part entre la RDC et l’Ouganda. Les visites de frontières suivis des ateliers des parties prenantes ont été organisés à Gama/Rubavu et à Bunagana.

Cette première étape de la mise en œuvre du programme de l’ACTT-CN a permis au Secrétariat de se rendre compte de la situation réelle de terrain et d’évaluer les initiatives en cours en rapport avec la facilitation du commerce à ces trois postes frontières. Les ateliers organisés ont permis aux parties prenantes des secteurs publics et privés ainsi qu’aux ONG, Organismes internationales et bailleurs de fonds de discuter les défis et formuler les recommandations pertinentes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *